C’est en 1651 que les premiers colons européens, venus de Hollande, s’installent au Cap alors escale de la toute puissante Compagnie des Indes. Quelques années plus tard, des huguenots français les rejoignent et plantent des vignes dans les vallées avoisinantes. Aujourd’hui, au pied de la montagne de la Table, le Cap est le nouveau visage d’une Afrique du Sud en pleine mutation qu’il est très facile de découvrir grâce aux trois vols mis en place par de la compagnie Air France les mercredis, vendredis et dimanches et un taux de change très favorable.
Au Cap, il est bien difficile de se sentir en ville. Le soleil y est pour beaucoup, évidemment, mais aussi et surtout cette situation étonnante entre mer et montagne. Jadis, le premier marin à en apercevoir la silhouette recevait une pièce d’argent. Pour tous les équipages, la montagne de la Table signifiait des produits frais et de l’eau potable à profusion après de bien longues semaines passées en mer. Ce n’est pourtant pas de cette perspective de nourritures terrestres et de ripailles que vient son nom, mais de sa forme : un sommet parfaitement plat, identifiable à coup sûr et qui, en s’abîmant dans les flots plus au sud, forme le Cap de Bonne Espérance. Omniprésente, la Table se dresse à chaque coin de rue, s’impose partout en toile de fond, s’imprime sur chaque photo. Le seul moyen d’y échapper et d’y grimper. Les plus courageux le feront à pied au terme d’une inoubliable balade au milieu des protées, ces fleurs charnues et colorées, emblèmes de la ville. Les autres prendront le téléphérique. Du haut de ces 1 087 m, gravis pour la première fois en 1503 par le navigateur portugais Antonio de Saldhana, le Cap se livre tout entier dans ses moindres détails.
Adossée au relief, les pieds dans l’eau, la ville a annexé le moindre espace constructible. Pour passer d’un quartier à l’autre, il faut parfois jouer à saute-montagne, prendre des routes surplombant la mer, longer des plages tentatrices. A l’ombre de Signal Hill, ce mamelon rocheux d’où était jadis signalée l’arrivée des navires, les belles maisons de Sea Point, Camps Bay et Clifton alignées au bord de plages à l’eau claire attirent les jeunes loups de la finance qu’ils soient désormais Blancs ou Noirs. Côté terre, une frange d’habitations cossues court le long de la Table jusqu’à Muizemberg. Kirstenbosch, Constantia et Toka accueillent encore pour un temps la vieille génération des riches Blancs, adepte d’un étonnant jeu de boule aux règles indéchiffrables pour un non-initié et qui préfère encore ignorer les quartiers noirs et pauvres de Mitchell’s Plain, Khayelisha et Guguletu. D’ailleurs, le jardin botanique de Constantia n’abrite-t-il pas toujours cette fameuse haie d’amandiers plantée en 1660 par les premiers colons hollandais destinée à séparer leurs pâturages de ceux des bergers Khoïkhoï et San, les deux ethnies locales ? Au centre, ouvrant sur la baie, palpite le cœur de la ville, lieu de tous les mélanges et matrice de l’actuelle Afrique du Sud.
Parcourir les rues du Cap, c’est faire resurgir toute cette histoire. A l’heure du déjeuner, le Jardin de la Colonie, ancien potager salvateur des marins en proie au scorbut, s’emplit d’étudiants noirs, blancs et métis. Uniformes rayés pour les uns, unis pour les autres, ils viennent y grignoter leurs sandwiches avec calme et discipline. En face, le Parlement, où toutes les communautés sont désormais représentées, et la bibliothèque qui abrite les archives de la naissance du Cap. A peine sorti de l’ombre fraîche des arbres centenaires, nous voici plongés dans le quartier des Affaires. Et, même si, entre Heerengracht et Darling Street pas un piéton ne se déplace sans son portable histoire, sans doute, de rattraper le retard économique causé par le long boycott international, chacun le fait avec un flegme tout britannique. D’ailleurs, les hautes tours de verre et de fer d’Adderley Street peinent elles aussi à cacher les vieux bâtiments de briques d’époque victorienne et les demeures cossues aux balcons en fer forgé de Long Street, fief des antiquaires. Sur le Strand voisin, l’ancien hôtel particulier Koopmans de Wet pourrait faire office de machine à remonter le temps. Edifiée en 1771, cette belle demeure est un musée qui abrite une large collection d’antiquités hollandaises. La vie des riches colons d’autrefois semblait plutôt agréable ! Les amateurs de style Regency s’en iront vers Orange Street et pousseront la porte du Bertram Museum, dernier témoin architectural du style à la mode au début du XIXe siècle, style importé par les Anglais alors nouveaux maîtres de la cité. En longeant Strand Avenue vers le nord-ouest, le visiteur découvrira aussi Bo-Kaap, le quartier malais. Délimité par les rues Rose, Wale et Chiappini, il abrite quelques mosquées et d’innombrables maisonnettes aux couleurs pastel habitées par les descendants des esclaves jadis arrachés aux douceurs de Java et de Bali. Il suffit alors de descendre Buitengracht pour arriver au Waterfront, le port du Cap. Les docks Victoria et Albert, construits en 1860, accueillent maintenant un port de plaisance ultramoderne, des restaurants, des boutiques, des cinémas et des salles de concerts. L’aquarium et le musée maritime s’y sont également installés. En fin d’après-midi, presque toute la ville s’y retrouve. Bières ou verre de vin en main, assis en terrasse d’un des innombrables cafés installés sur les quais, les Capetoniens ne se lassent pas d’admirer les derniers rayons du soleil couchant embraser leur ville et leur fameuse Table. C’est le moment où jamais de se joindre à eux.
En semaine, dès 17h30, les Capetoniens n’ont qu’une seule idée en tête : quitter le bureau et aller se perdre dans la nature. Oh, il ne va pas bien loin. Un kilomètre, parfois deux, suffit pour le retrouver en maillot de bain, en combinaison de surf ou en short fluo et chaussures de sport dernier cri. Le choix des activités semble infini. Outre le footing sur les pentes de Signal Hill, le vélo sur les routes du Cap de Bonne Espérance, le beach-volley à Muizemberg, la voile à Hout Bay, l’équitation sur l’immense plage de Chapman’s Bay, la plongée au large de l’île des Phoques, le parapente au départ du massif des Douze Apôtres, le surf et la planche à voile à Bloubergstrand, l’inoubliable baignade au milieu des manchots de la plage des Boulders et le bowling à Constantia et à Clifton, il est aussi possible, en saison, d’aller observer les baleines à False Bay, de taquiner le gros au large de Robben Island, d’observer le vol des oiseaux marins à Lambert’s Bay ou de flâner au milieu des quelque 2000 variétés de fleurs recensées dans le parc floral de Silvermine.