Né en Angleterre en juillet 1853, Cecil John Rhodes fait fortune dans le diamant et créé la célèbre compagnie De Beers. Sa richesse lui permet de devenir premier ministre du Cap, en Afrique du Sud, de 1890 à 1896 et surtout de se lancer dans la colonisation de nouveaux territoires au nom de la couronne britannique. Il sera ainsi à l’origine de la création en 1890 de la Rhodésie du Sud et de la Rhodésie du Nord, les actuels Zimbabwe et Zambie.
Lorsqu’il arrive en Afrique du Sud, Cécil Rhodes a tout juste 17 ans. Il travaille dans les champs de coton mais à l’annonce de la découverte en 1871 de diamants dans la région de Kimberley, il se fait prospecteur. Pas pour longtemps. Constatant là aussi que le travail est ardu pour un revenu faible, il a l’idée de devenir fournisseur de matériel de prospection (pelle, pioche….) et de denrées de première nécessité. Idée géniale qui lui permet de s’enrichir rapidement. Il passe alors à l’étape suivante, le rachat des concessions diamantifères aux mineurs découragés. En 1885, il possède la quasi-totalité des mines de diamants de la région de Kimberley et, en mars 1888, il fonde la société De Beers Consolidated Mines qui contrôle encore aujourd’hui près de 80 % de la production mondiale de diamants.
Une richesse au service de l’empire
Influencé par le discours de John Ruskin, fervent défenseur de l’Empire Britannique, il met sa fortune au service de la couronne britannique. A 28 ans, en 1881, il se fait député à l’assemblée législative du Cap. En 1890, il devient premier ministre de la colonie du Cap et président de la British South Africa Company (BSAC), société qui lui servira de prétexte pour revendiquer et coloniser les territoires situés au nord du fleuve Limpopo, alors frontière naturelle de l’Afrique du Sud. Ces territoires appartiennent au roi Lobengula, chef de l’importante tribu de Matébélés. Après de longues approches diplomatiques, Lobengula accepte en février 1888 de passer un accord avec la reine Victoria. En octobre 1888, en échange de fusils et d’une rente, le roi concède des droits miniers sur les territoires du Matabeleland, au sud du fleuve Zambèze, signant aisi sans le savoir l’annexion d’une partie de son royaume (195 000 km²). Un an plus tard, la BSAC de Cécil Rhodes reçoit une charte royale qui, pour une durée de 25 ans, lui donne l’autorisation exclusive d’exploiter les richesses minières. Un groupe d’une centaine de volontaires se forme pour commencer à développer la prospection minière. Chacun d’entre eux recevra 12 km² de terres et 15 droits de prospection en récompense. La « Pioneer Column » quitte Kimberley en 1890 sous la direction du major Frank Johnson et le célèbre explorateur Frederick Courtney Selous. Plusieurs forts sont créés en route (Fort Victoria, Fort Charter, Fort Salisbury). C’en est trop pour le roi Lobengula et la guerre éclate en octobre 1893. Les guerriers Matébélés subissent une grave défaite près de la rivière Shangani le 25 octobre 1893 et le fief (Kraal) royal de Bulawayo est pris. 34 volonntaires périssent également. Un momument leur rend hommage près de la tombe de Cécil Rhodes.
La naissance de la Rhodésie
Utilisé par les colons pour désigner les territoires de la BSAC, le nom de Rhodésie est officialisé en mai 1895 et reconnu en 1898 par le Royaume-Uni. Les territoires au nord du Zambèze deviennent la Rhodésie du Nord et ceux situés au sud, la Rhodésie du Sud. En janvier 1896, les tribus des Matébélés, des Ndébélés et des Shonas se révoltent et assiègent plusieurs villes. Cécil Rhodes prend le risque de venir seul négocier un traité de paix avec les Ndébélés en août 1896. Ceux-ci récupèrent une partie de leurs terres et un certain degré d’autonomie mais les Shonas continuent de résister. Cecil Rhodes se retire à Muizenberg près du Cap et meurt d’un cancer le 26 mars 1902, à l’âge de 49 ans. Il est enterré le 10 avril 1902 près de Bulawayo sur les Monts Matopos, après la lecture d’un poème spécialement écrit en son honneur par Rudyard Kipling. La Rhodésie du Nord devient la Zambie en 1964 et la Rhodésie du Sud accède à l’indépendance en 1965 avant d’être rebaptisée Zimbabwe en avril 1980.