Covid-19, l’Afrique échappe à la pandémie annoncée

Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé annonçait une catastrophe sanitaire en Afrique, les derniers chiffres prouvent tout le contraire. Même si le nombre de cas de contamination progresse, le continent africain, qui abrite 17 % de la population mondiale (1 milliard d’habitants), enregistre à peine plus de 1 % des malades dans le monde (50 000), et un peu moins de 1 % des décès (2000). Les hôpitaux ne sont pas débordés et enregistrent même 18 000 guérisons  ! Selon le quotidien Libération du 7 mai, il y avait pourtant des raisons de s’inquiéter « avec 2,2 médecins pour 10 000 habitants en Afrique subsaharienne contre 35 dans l’Union européenne, et des dépenses de santé qui ne dépasse pas 25 dollars par an et par habitant au Cameroun ou au Mozambique, bien des pays africains semblent incapables de répondre à une pandémie massive ». D’où vient alors cette résistance inattendue ? « Parmi les atouts de l’Afrique face à un virus qui frappe d’abord les plus âgés, la pyramide des âges s’impose comme une évidence : sur le continent le plus jeune du monde, les deux tiers de la population ont moins de 35 ans et l’âge médian se situe à 19 ans, contre 40 ans en Europe ».

En Europe et aux Etats-Unis, la mortalité concerne à 75% des personnes âgées de 65 ans et plus, dont 83% présentaient au moins une comorbidité (problème cardiaque ou pulmonaire, diabète, hypertension artérielle… Toujours selon Libération, l’autre facteur de résistance « serait l’habitude de faire face aux épidémies (sida, ebola,  tuberculose, paludisme), qui tuent encore près de 400 000 personnes par an mais ont peut-être également permis aux populations de développer certains anticorps spécifiques, quand ce ne sont pas les traitements, antipaludéens ou vaccin du BCG, qui les protégeraient. Mais cette récurrence des épidémies a aussi conditionné les réactions face à la pandémie. «Celui qui a vu la panthère et celui qui en a entendu parler ne courent pas de la même façon», affirme un dicton africain ». Depuis Ebola, les gestes barrières et le traçage des patients sont assimilés par les populations et les gouvernements sont plus réactifs. Et le quotidien de remarquer qu’ « il n’y avait que sept contaminations enregistrées le 13 mars, lorsque le Maroc a commencé à verrouiller le pays. Très vite, le royaume chérifien a également reconverti l’industrie textile dans la production de masques, lui permettant d’en fournir 5 millions par jour. De la même façon, au Rwanda, au Ghana et en Afrique du Sud, un confinement particulièrement strict s’est très rapidement imposé. Le Lesotho a fait de même, malgré l’absence totale à ce jour de contaminations…Les mesures imposées ont été globalement respectées dans les quartiers populaires et puis l’écrasante majorité des populations reste à l’écart des grands mouvements d’échanges mondialisés, ce qui a pu aussi les protéger ». Certains pays comme le Rwanda, le Ghana, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud ont commencé leur déconfinement. La Tanzanie devrait suivre prochainement.