Les perles sont indissociables de la culture maasaï. Hommes ou femmes, tous les portent avec élégance au quotidien et à foison les jours de fête. Parés de rouge, arborant colliers, ceintures et bracelets en perles colorées, les Maasaï ont imprimé de leur image l’esprit des Occidentaux. Ces accessoires semblent ne faire qu’un avec eux tant il nous semble évident que ces perles viennent elles aussi du fond des âges. Au risque de casser le mythe, les couvertures rouges proviennent d’Ecosse et les perles en verre, de la République Tchèque. Celles en plastique, de Chine. Certes l’histoire des perles est ancienne, remonterait au XVe siècle lorsque les navigateurs européens se lancent à la conquête du monde. Ils chargent leurs navires de verroterie produite en masse à Murano, en Italie, pour amadouer les « sauvages » et faire du troc avec eux.
Il faudra du temps pour que les perles arrivent à l’intérieur des terres et ce n’est que vers la moitié du XIXe siècle que les Maasaï s’y intéressent. A l’époque, les différentes tribus se reconnaissaient entre elles par leurs armes et les peintures de leurs boucliers. Mais les Anglais, soucieux d’une colonisation pacifique, interdisent le port des armes. Les perles et les motifs des bijoux deviennent alors le nouveau mode de reconnaissance. Depuis, les Maasaï ont développé un large répertoire visuel autour des perles, chaque style définissant une identité propre.
Le choix des couleurs et des ornements précise si la personne est maasaï ou d’un autre groupe ethnique. A l’image des clans écossais avec leurs tartans, chaque clan maasaï a ses propres motifs et combinaisons de couleurs. Le port est aussi un indicateur social. La ceinture d’une jeune femme sera différente de celle d’une femme déjà mariée, de même pour ses boucles d’oreilles, du collier. Avec l’essor du tourisme, les femmes ont développé un artisanat dont les revenus leur permettent désormais d’accéder à une certaine autonomie financière. Elles peuvent acheter de la nourriture, se lancer dans des micro-projets, envoyer les enfants à l’école, investir dans le solaire et l’eau potable. Pour les aider dans leur développement et dépoussiérer cet artisanat très ethnique et parfois répétitif, plusieurs organisations internationales ont décidé d’aider les femmes à diversifier leur production, à la moderniser. Ainsi MAA Beadworks, que vous trouverez sur la route à l’entrée de la concession Naboisho Conservancy où se trouve le lodge Mara Nyaka. Lancé en 2013, le projet fait aujourd’hui travailler près de 600 femmes et espère arriver à 1000 dans un an ou deux. L’idée : produire des bijoux et accessoires de qualité afin de répondre aux attentes des touristes qui viennent séjourner dans les lodges alentours. Ces articles originaux se vendront mieux et un peu plus cher pour le bénéfice de tous. Autres perles, celles en céramique de la marque Kazuri, à Nairobi. L’atelier, qui emploie environ 400 femmes et mères célibataires, a été fondé en 1975 par Lady Susan Wood. Ici chaque bijou, principalement des colliers, des bracelets et des boucles d’oreilles, est unique car il est créé par une femme ayant sa manière personnelle de modeler la terre, de dessiner les pièces et de les peindre. La visite englobe toute la chaîne de production avant de se terminer à la boutique. Comme le dit joliment le slogan de la marque : un collier Kazuri, c’est plus qu’un bijou, c’est un morceau du Kenya !