En 1826 arrivait en France la girafe Zarafa, cadeau du vice-roi d’Égypte Mehmet Ali au roi Charles X. Retour sur l’histoire de cette girafe dont la beauté (Zarafa veut dire la Toute Belle en Arabe) émut la France entière et fut à l’origine d’une véritable girafomania. Capturée au Soudan peu après sa naissance, elle effectua un voyage extraordinaire de presque une année. Elle commença son périple accrochée au dos d’un dromadaire. A Khartoum, capitale du Soudan, elle fut mise dans une felouque pour descendre le Nil jusqu’au Caire. De là, elle embarqua sur un navire à destination de Marseille.
Au Caire, le pont supérieur du bateau en partance pour Marseille fut en partie découpé pour laisser la tête de Zarafa tandis que la cale fut remplie de paille pour lui assurer un confort optimal. A ses côtés, pour veiller à son bien-être, plusieurs serviteurs, deux antilopes pour éviter le mal du pays et trois vaches pour lui assurer les 25 litres de lait quotidiens dont elle a besoin pour se nourrir.
La girafe arrive à Marseille le 14 novembre 1826. Une foule déjà nombreuse l’accueille. Se pose alors la question de son transport vers Paris. Le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du Jardin des Plantes de Paris, décide que ce voyage se fera à pied. Il attend le printemps. Lorsque la petite troupe se met en route, la renommée de Zarafa est déjà faite. C’était en effet la première girafe jamais vue en France. Le voyage durera 41 jours. A Lyon, 30 000 personnes l’acclament à son passage. A Paris, 100 000 personnes qui se pressent lors de son arrivée le 30 juin. Accueillie par Charles X en personne, elle emménage à la rotonde du Jardin des Plantes et y vivra 18 ans avec son fidèle soigneur égyptien. Elle est, durant toutes ces années, l’attraction majeure de la ménagerie.
Adulte, sa taille atteint 4m. Sa beauté et sa gentillesse déclenchent une véritable girafomania. Les femmes portent des coiffures tout en hauteur et des habits aux motifs « girafe ». De nombreux artistes viennent la peindre. Elle apparait sur des services en porcelaine, inspire les bijoutiers et les pâtissiers qui proposent des gâteaux « girafe ». Honoré de Balzac écrit même une nouvelle dont elle est l’héroïne. C’est tout juste si elle ne fait pas l’objet d’un deuil national lorsqu‘elle meurt le 12 janvier 1845. L’histoire raconte qu’elle fut alors empaillée et confiée au Musée de la Rochelle où il est encore possible de la voir.
Le mystère Zarafa
Mais est-ce bien elle ? En comparant la robe de la girafe de La Rochelle et les dessins de l’époque, le doute est permis. Bien des choses on pu en effet se passer entre 1845 et 1930, date de son arrivée au Musée de La Rochelle. On pense que la dépouille de Zarafa fut d’abord confiée au musée de Verdun et qu’elle disparue lors de Première Guerre Mondiale. Certains affirment même qu’elle aurait été emportée dans les tranchées pour effrayer l’ennemi ! Le mystère demeure donc. D’autres girafes marquèrent l’histoire. La reine égyptienne Hatshepsut (1508-1478 BC) en eu une dans sa ménagerie privée. Elle l’aima tant qu’elle fit graver sa silhouette sur les temples de Louxor. Jules César en emmena une à Rome en 46 avant J.-C. En l’An Mil, Zheng He, navigateur chinois, en transporta trois en Chine où elles furent honorées comme des animaux magiques. Enfin, en 1486, le sultan d‘Egypte en offrit une à Lorenzo de Medicis. Une avenue de Sienne, la Contrada della Giraffa, témoigne toujours du culte dont elle fit l’objet.