Inscrite au Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco, la vieille ville de Zanzibar ou « Stone Town » fait depuis plusieurs années l’objet d’intenses restaurations. Le « Beit-el-Ajaib » ou Palais des Merveilles, tout comme le fort portugais, le front de mer et les jardins Forodhani, tout juste réhabilités par l’Aga Khan, et le magnifique dispensaire Ithnasheri, désormais maison de la Culture, retrouvent leurs fastes d’antan.
Il n’en est que plus facile de laisser libre cours à son imagination. Il suffit de déambuler au gré des ruelles étroites et tortueuses de « Stone Town » pour que l’esprit s’emballe et que notre bel esprit cartésien soit mis à rude épreuve. On se surprend tout à coup à marcher sans bruit dans l’espoir de surprendre une silhouette gracieuse drapée dans ses kangas. Chacun ici se souvient encore de la belle Salmé, sœur du sultan, enlevée en 1873 par un jeune diplomate allemand. La main démange de vouloir pousser ces lourdes portes sculptées et ornées de clous en cuivre, symbole de la richesse et de la puissance du propriétaire. L’œil s’égare au fond des cours secrètes, parcourt les façades d’antiques palais bâtis en blocs de corail. Du fond des échoppes s’échappent moult odeurs puissantes et enivrantes. Peu de bruits hormis les récitations des écoliers, peu de gens hormis les vieux assis sur les bancs de palabres des mosquées.
L’agitation est plus loin, sur Gizenga et Hurumzi streets qui courent parallèles au rivage dans le cœur de la vieille ville de Stone Stown. Ces deux rues concentrent l’essentiel des boutiques, restaurants et bars de la ville. A ne pas manquer non plus, les jardins de Forodhani, ouverts à l’est sur l’Océan Indien. C’est ici, entre le fort portugais et la Palais de Merveilles que viennent jouer les enfants. Après l’école coranique, ils se jettent à l’eau du haut des quais en grappes bruyantes et joyeuses. Les adultes préfèrent passer de longues heures à regarder les boutres en partance pour l’île voisine de Pemba ou Dar-el-Salaam, le grand port du littoral tanzanien. A la nuit tombée, la magie est encore plus forte. D’antiques lampes à pétrole éclairent tout juste le visage des vendeurs de brochettes de poissons et de fruits de mer, transforment le lieu en un théâtre d’ombres. Tôt le matin, ce sont les ruelles au sud de la ville qui bruissent d’une folle activité. Sur le marché, fruits, épices et légumes. Une noria de bus cacochymes déverse une foule colorée venue de l’intérieur de l’île apportant la récolte de la veille dans des paniers tressés. Poissons multicolores, régimes de bananes et fagots de cannes à sucre sont disposés à même le sol, changent de main sur un regard et une poignée de billets. Témoin d’un passé moins glorieux, l’église anglicane abrite les anciennes caves où étaient entassés les esclaves avant leur départ vers l’Europe ou les Amériques. Le port exporte désormais la principale ressource de Zanzibar, à savoir les épices et en particulier les clous de girofle.