Namibie, la côte des Squelettes

Jadis, tout le littoral atlantique de la Namibie était surnommé la côte des Squelettes (Skeleton coast). Aujourd’hui, ce nom ne concerne qu’une zone de 500 km de long, comprise entre les rivières Kunene et Ugab, déclarée réserve naturelle en 1971. D’ une superficie de 16 845 km², la réserve protège un des environnements les plus sauvages au monde… mais aussi un des plus fragiles.

Le nom « Skeleton Coast » est inspiré du titre du roman de John Henry Marsh, paru en 1944, qui relate le naufrage du Dunedin Star. Construit en 1936, le Dunedin Star était un cargo réfrigéré britannique transportant de la viande de Nouvelle-Zélande et d’Australie vers le Royaume-Uni. Pendant la deuxième guerre mondiale, il sert au ravitaillement des troupes (Opération Hallebarde à Malte, en 1941). A l’automne 1942, il repart vers l’Australie avec une cargaison de munitions et de fournitures destinées à la huitième armée britannique engagée au Moyen-Orient. A son bord, 85 membres d’équipage et 21 passagers. Le 29 novembre, à 22h30, le cargo heurte un récif et commence à prendre l’eau. Pour sauver équipage et cargaison, le capitaine Robert Lee décide de le pousser à la côte. Il s’échoue à 500 m du rivage et 63 personnes parviennent à rejoindre la plage. Les autres restent à bord. Dès que la nouvelle est connue, les secours s’organisent.

Fortunes de mer

Deux navires quittent le port de Walvis Bay et un convoi militaire d’une dizaine de camions part de Windhoek pour aider les naufragés à terre. Le 4 décembre, les hommes restés à bord sont récupérés par le remorqueur « Sir Charles Elliot » qui, en retournant vers Walvis Bay, s’échoue à son tour. L’équipage rejoint la plage à la nage mais deux marins se noient. Le même jour, un avion Ventura est envoyé pour larguer eau et provisions aux naufragés à terre dont la situation, après 5 jours dans le désert, commence à devenir compliquée. Le larguage se passe mal, le ravitaillement se perd. L’équipage, commandé par le capitaine Naude, décide alors d’atterrir. L’avion s’ensable et voilà ses hommes eux aussi prisonniers du désert. En attendant que la colonne de secours terrestre arrive, d’autres bateaux viennent en aide aux naufragés. Le 10 décembre, une vingtaine d’entre eux parviennent à embarquer dans des conditions dantesques. Les autres seront sauvés quelques jours plus tard par le convoi militaire. L’histoire n’est pas finie pour autant ! Le 17 janvier 1943, le capitaine Naude décide d’aller récupérer son avion. Après quatre jours de travail, l’appareil parvient à décoller mais s’écrase en mer au bout de quelques minutes de vol. L’équipage parvient à regagner la côte et à être récupéré par l’équipe de mécaniciens qui revenait à Walvis bay par la côte ! Bien d’autres navires se sont échoués sur cette côte aux bancs de sable mouvants et souvent rendue invisible par le Cassimbo, ce brouillard marin qui naît de la rencontre des eaux froides du courant de Benguela, qui remonte de l’Antarctique, et de la chaleur du désert du Namib. Le Henrietta, le Winston, le Montrose II, le Suiderkus et le Karimona ne sont que quelques unes des autres victimes du Cassimbo. En avril 1999, un navire d’exploration d’une compagnie minière découvre même l’épave d’un navire portugais du XVIe siècle contenant un trésor de pièces d’or, de lingots d’étain et… de défenses d’éléphants !

Safari en Namibie

Elephant dans le desert du Namib

Un brouillard source de vie

Mais le nom de Côte des Squelettes ne vient pas du nombre de marins morts sur ses plages. Il  vient plutôt des innombrables carcasses de phoques et de baleines qui la jonchent. Les eaux froides du courant de Benguela, très poissonneuses, attirent otaries et cétacés, qui ont eux-mêmes attirés les chasseurs. Aujourd’hui, les colonies d’otaries fourrure, ou lions de mer, attirent les visiteurs. La plus importante, à Cape Cross, compte plus de 250 000 individus. L’endroit doit son nom à la croix en pierre érigée en 1486 par un navigateur portugais pour marquer le point le plus austral jamais atteint, à l’époque, par les Européens. Plus au nord, la colonie d’otaries de Möwe accueille elle aussi des dizaines de milliers d’animaux. Au large, baleines et dauphins sont nombreux. Mais, le brouillard est aussi facteur de vie. Grâce à l’humidité qu’il transporte, il permet à une flore et à une faune de survivre en plain désert  ! Insectes (scarabée…), reptiles (tortue, lézard…) et oiseaux (300 espèces) foisonnent. Plus étonnantes sont les rencontres avec les oryx, springboks, rhinocéros noirs, éléphants, lions et girafes. Ces grands animaux se rencontrent plus facilement dans les vallées formées par les  rivières Hoarusib et Kunene, en eau une ou deux fois l’an, mais il est également possible de les croiser dans les dunes du désert du Namib. Les botanistes viendront, quant à eux, admirer la Welwitschia mirabilis, espèce à la fois endémique et panchronique, c’est-à-dire unique au monde et véritable fossile vivant car déjà présente au Jurassique. Darwin aurait pu s’en servir comme exemple d’évolution. Jadis plante de climat tropical, la Welwitschia a su s’adapter à des conditions de plus en plus arides. Elle doit en fait son salut au seul brouillard côtier et son humidité. Sans lui, elle n’existerait plus, ce qui explique sa zone de répartition très restreinte, une bande de 1 200 km de long et de 120 km de profondeur sur le littoral namibien  !

Safari en Namibie

Oryx au coucher de soleil

Un brin de botanique

La Welwitschia, découverte en 1859 par le botaniste autrichien Friedrich Welwitsch,  pousse à partir d’un tronc court qui donne naissance à deux feuilles qui poussent en continue, à raison de quelques millimètres par an. Les feuilles les plus longues jamais observées mesurent 4m de long. Le plus grand spécimen connu, surnommée « The Big Welwitschia », atteint 1,40 m de haut pour 4 m de diamètre et un âge estimé à plus de 1 000 ans. La plante constitue elle-même une source importante d’humidité et de nourriture pour de nombreuses espèces. En période de sécheresse, il n’est pas rare de voir les oryx, les springboks, les zèbres et les rhinocéros noirs mâcher ses feuilles. L’alouette de Gray y fait son nid et nombres de reptiles (serpent, lézard et caméléons) viennent y chercher abri et pitance dans les replis de ses feuilles tourmentées. Vous la trouverez isolée ou poussant par groupes de plusieurs dizaines de spécimens parfois au milieu même des hautes dunes de sable qui font aussi toute la beauté de la côte des Squelettes. Parmi elles, les fameuses dunes rugissantes. Ces immenses dunes de sable fin semblent s’étirer à l’infini. Pas un bruit, enfin pas tout de suite. Au fur et à mesure de votre ascension, un bruit sourd commencera à apparaître qui ira s’amplifiant, comme un avion passant au-dessus de vos têtes. Et pourtant, il ne s’agit en réalité que du bruit provoqué par vos pas dans le sable dont les milliards de grains, en glissant et roulant les uns sur les autres, créent un incroyable vacarme.

Pour découvrir ces merveilles naturelles dans les meilleures conditions, nous vous proposons plusieurs séjours et safaris, dont un « fly safari » dans des lodges tels que le Shipwreck Lodge, le Hoanib Skeleton coast camp et le Desert Rhino Camp.

Safari en Namibie

Cote des squelettes